Contrôle du tabac au Cameroun: les parlementaires soulignent la nécessité d’une loi nationale

8 décembre 2020

A l’initiative du Réseau des Parlementaires engagés dans la lutte contre le tabac (Réseau Oxygène), la salle des travaux  en plénière de  l’assemblée nationale  du Cameroun  a abrité le 1er Décembre 2020, un séminaire sur le tabac et les drogues. « Tabac et drogue: défis face au Covid-19 et aux violences Sociales ». C’est le thème des travaux ayant mobilisé les experts du Ministère de la Santé Publique et ceux de la Coalition Camerounaise Contre le Tabac (C3T).  Les travaux ont par ailleurs mobilisé plus d’un centaine de députés et Sénateurs et le représentant pays de l’oms.

 Dans son mot d’ouverture des travaux, Théodore Datouo, vice-président de l’assemblée nationale  a  rappelé le lien étroit entre le tabac  et le Covid-19.  » Dans  ses analyses, la communauté scientifique internationale a précisé que les consommateurs des produits du tabac étaient plus vulnérables face aux formes graves du Covid-19. Le Cameroun qui compte plus d’un million de fumeurs actifs et près de 7 millions de Fumeurs passifs  chez les adultes peut constituer un terrain fertile au développement des formes graves du Covid-19.  La situation est d’autant préoccupante lorsqu’on sait que 20.000 jeunes  camerounais âgés de 13 à 15 ans  consomment les produits du tabac », a-t-il déclaré.  Il a terminé son discours en souhaitant la mobilisation des parlementaires en faveur de la lutte antitabac.  Il a aussi émis le vœu de voir les résolutions fortes pour l’avancement de la lutte antitabac au Cameroun.

 Intervenant juste avant le Vice-président de l’assemblée nationale, Dr Phanuel Habimana, représentant de l'Organisation Mondial de la Santé (OMS), a relevé que le tabagisme est l'un des principaux facteurs d'augmentation de l'incidence des maladies non transmissibles. Le fardeau de la consommation de tabac est en train de passer des pays à revenu élevé aux pays à faible revenu. 15 à 21 pourcent de la population africaine utilisent des produits du tabac et ce taux devrait augmenter si aucune intervention n’est  faite. L'adoption en 2003 de la convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac a été l'une des victoires historique de la santé publique.

 Pour sa part le  Président du Réseau  Oxygène, l’honorable  Daniel Ngalle,  remercié dans son allocution, a eu à remercier le Président de l'Assemblée Nationale qui a mis les bouchées doubles pour rendre possible ce séminaire. Il a ensuite remercié le gouvernement qui, à travers les ministères du commerce et de la santé, a pu défendre le projet de loi N0 07/DJL/AN autorisant le Président de la République à ratifier le Protocole pour l’élimination du commerce illicite des produits du tabac.

Les experts du ministère de la Santé  également conviés ont délivré des communications sur la situation des drogues au Cameroun et le lien entre les drogues et les violences sociales.

Lien entre le tabac et le Covid-19.  C’est le thème développé par la C3T qui a rappelé que, vu le contexte actuel où le monde lutte pour faire face à la pandémie de la maladie à coronavirus (COVID-19), plusieurs études établissent que le tabagisme est très associé à la progression et aux effets néfastes de cette pandémie. D'où la nécessité de sensibiliser les populations sur le lien mortel entre le tabac et la COVID-19 et de prendre les mesures nécessaires pour réduire les effets du tabac et de la COVID-19 sur la santé et le système national de Santé.  Prince Mpondo, le Représentant de la C3T a par ailleurs  rappelé que  selon  l'OMS, les fumeurs sont plus susceptibles de développer la maladie sévère avec la COVID-19 par rapport aux non-fumeurs. L'infection à covid 19 est une maladie qui attaque principalement les poumons et le tabagisme altère la fonction pulmonaire. Le tabac est un facteur de risque majeur pour diverses maladies non transmissibles. En raison du lien étroit entre le tabac et les formes graves du Covid-19, il y a lieu de mieux encadrer la lutte antitabac pendant cette épidémie.

 Les échanges qui ont suivi les présentations ont débouché à la formulation de plusieurs recommandations.  En dehors de la nécessité d'une loi nationale sur le Contrôle du tabac , de la réorganisation des organes de travail du Comité National de lutte contre la drogue et de la mise en place des centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, les parlementaires ont aussi recommandé l’ Inscription des questions liées à la drogue dans les curricula de formation dans les écoles et Universités, la formation et recrutement des personnels de santé (psychologues cliniciens et addictologues) dans les formations sanitaires pour la prise en charge des victimes des drogues , la poursuite de la sensibilisation et de l'éducation sur les mesures barrière édictées par le gouvernement et intégration des mesures de lutte contre le tabac dans le dispositif national de lutte contre la COVID-19, le renforcement des activités des organisations de la Société Civile engagées dans la lutte contre les drogues et  l’allocation d'un budget conséquent au Comité de Lutte Contre la Drogue en vue d’une meilleure coordination de la lutte contre le tabac et  les  autres drogues au Cameroun.


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