Dr Flore Ndembiyembe:  » la situation est grave, il est temps d’agir. Il faut prendre des lois fortes et s’assurer qu’elles sont appliquées. »

5 juin 2018

A la faveur de la célébration de la 31e édition de la journée mondiale sans tabac sous le thème : « Le  Tabac et les cardiopathies », la présidente de la Coalition Camerounaise contre le tabac (C3T) a fait le point de la lutte anti-tabac au Cameroun. Dans ses différentes interventions médiatiques, Dr Flore Ndembiyembe s’est  dit assez préoccupée par le sort des jeunes, principale cible d'une industrie de tabac sans vergogne et peu soucieuse de l'avenir cette jeunesse qu'elle expose sans état d'âme aux dangers du tabac. A lire ci-dessous, les points saillants de  l’interview accordée aux Journalistes.

Quelle est la situation actuelle du tabagisme au Cameroun?
La situation du tabagisme est inquiétante. Parce que 10% de la population adulte sont des fumeurs réguliers. Près de 30% de jeunes donc des collégiens entre 13 et 15 ans ont déjà eu un premier contact avec la cigarette. Nous pensons que ces chiffres sont inquiétants. C'est pourquoi nous appelons les pouvoirs publics à prendre des décisions qu'il faut pour que ces chiffres baissent.

 Il y a quelques années, la C3T a engagé un plaidoyer pour l’adoption d’une loi nationale antitabac. A ce sujet, où en est-on avec cette action en direction des pouvoirs ?

Malheureusement, la loi n'est toujours pas adoptée. Aussi, nous aimerions que ce soit toute la population qui la réclame. Parce que la loi doit protéger tous les camerounais et nous pensons que notre pays est déjà en retard sur ce plan. Tous les autres pays voisins ont déjà une loi nationale qui protège les populations. Nous espérons qu'avec la pression du public, cette loi va aboutir.

Comment appréciez-vous le niveau de mobilisation dans le cadre de cette lutte acharnée contre le tabac dans notre pays?

Nous voyons une mobilisation plus importante des acteurs. Je peux parler des journalistes qui sont maintenant très engagés dans la lutte contre le tabac et qui sont même maintenant organisés en réseau. Il y a aussi les parlementaires qui sont engagés et qui réclament la loi antitabac avec nous. Au niveau aussi de la société civile, de nombreuses personnes sont engagées. Donc nous pensons que l'engagement est important et au niveau même de l'Etat, nous pouvons indiquer pour nous en féliciter, l'arrêté qui vient d'être signé par le ministre de la Santé publique et le ministre du Commerce, qui impose les avertissements sanitaires graphiques sur tous les emballages des produits du tabac à partir de janvier 2019. C'est une grande avancée qu'il faut saluer comme il se doit.

Vous l'avez souligné plus haut, les jeunes consomment beaucoup le tabac. Qu'est-ce qui peut justifier cette forte prévalence dans cette tranche de la population ?

Sans hésiter, je dirais que c'est l'industrie du tabac qui est autour des écoles, qui fait un marketing, qui organise la publicité auprès des enfants en leur offrant très souvent la première cigarette. Ensuite viennent les parents qui doivent être vigilants et montrer le bon exemple. Donc, l'exposition des enfants à la publicité de l'industrie explique grandement cet attrait aux produits du tabac.

Comment procède cette industrie pour attirer les nouveaux fumeurs ?
L'industrie est très présente autour des écoles où elle fait la publicité de ses produits. Elle recrute des jeunes en s'intéressant à leurs activités. Elle va même jusqu' à en organiser à l'intention des jeunes. Elle est dans un puissant marketing. Elle organise par exemple des jeux concours où on gagne des gadgets. Donc l'industrie est présente, sans oublier qu'elle fait aussi obstacle à l'aboutissement des réglementations. Ce n'est un secret pour personne, si la loi n'aboutit pas, ni les autres réglementations, nous pensons que l'industrie a une responsabilité là dedans. Mais d'un autre côté, si la volonté politique est là et le courage aussi, nous pensons que les réglementations vont aboutir et permettre d'encadrer les activités de l'industrie. La situation est grave, il est temps d’agir.  Il faut prendre des lois fortes et s’assurer qu’elles sont appliquées.

 L'on célèbre la 31e journée mondiale sans tabac. Quel est votre message en direction de la population en général et particulièrement la couche jeune ?

Il est vrai qu'en cette journée et même dans toutes nos activités, nous pensons beaucoup aux jeunes à qui j'aimerais dire que fumer n'est pas un acte normal. Ce n'est pas un acte banal. Ne brûler pas votre vie. Refusez la première cigarette ! La chicha, la cigarette électronique… c'est aussi le tabac. Donc, ces produits sont mortels comme les cigarettes. Comme ils vont aller en vacances bientôt, je leur souhaite vraiment de tout faire pour que leurs vacances soient des vacances sans tabac. Toutes les activités qu'ils vont organiser, les compétitions sportives même les boum ou fêtes soient sans tabac. Parce que vraiment la vie est précieuse. Ce serait dommage de brader sa vie pour un plaisir qui est très passager.


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