Vente de la cigarette en détail: la C3T invite le Gouvernement à adopter les mesures d’interdiction

25 avril 2018

Dans un communiqué rendu public le 12 Avril dernier, la Coalition Camerounaise contre le Tabac (C3t) demande aux autorités gouvernementales d’accélérer le processus d'adoption des législations conformes à la Convention Cadre de l’Oms pour la lutte antitabac (CCLAT) pour sauver des milliers de vies.

Cette demande formulée dans le cadre du plaidoyer pour l’adoption des textes règlementaires interdisant la vente de la cigarette en détail, fait suite aux résultats d’enquête menée dans dix pays africains  par l’alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ACTA). Il s’agit notamment du Cameroun, du Burkina Faso,  du Tchad,  de la Côte d’Ivoire,  du Ghana,  du Kenya,  du Niger, du Nigéria,  du Togo et de l’Ouganda. L’étude menée avec le soutien de Campaign for Tobacco Free Kids (CTFK) et en collaboration avec  les organisations de la société civile des pays concernés, s’est basée sur le lourd fardeau socio économique, sanitaire et environnemental que fait peser le tabac au continent africain qui en raison de l a faiblesse des législations nationales, reste un terrain fertile au développement des activités de l’industrie du tabac.

  En effet, le tabac nuit à la santé, et au développement du Cameroun. Chaque année, environ 7 millions de  personnes sont tuées dans le monde  par des maladies causées par le tabac. Malgré ces décès évitables, plus d'un millions de camerounais adultes et 300.000 jeunes âgés de 13 à 15 ans  continuent de consommer du tabac chaque jour,  mettant ainsi en danger la vie de 7 millions de camerounais exposés involontairement à la fumée du tabac des autres.  Ces chiffres s'augmenteront si rien n'est fait le plus vite possible. La vente de cigarettes en détail au Cameroun tout comme dans de nombreux pays africains où l’industrie déploie ses stratégies commerciales au quotidien, a été identifiée comme  l’une des principales stratégies de marketing de l’industrie du tabac. C’est ce contexte qui a justifié la conduite de cette enquête qui souligne pour le Cameroun que la vente en détail est effective dans les points de vente enquêtés et qu’il n’existait  pas une législation nationale interdisant la vente de cigarettes en  détail. L’étude révèle aussi que  la cigarette coûte entre 25 F et 50 F cfa l'unité, les marques de British American Tobacco (BAT) telles que Benson&Hedge, Rothmans, St Moritz, de Philip Morris International (PMI), Marlboro, et de Vinatabac Oriental CameroonCompany (VOCC), Gold Seal, D&,G) sont vendues en détail et les marques produites par Vinataba  Oriental Cameroon Company (VOCC) sont très moins chères (15 Fcfa l'unité).

Les résultats renseignent par ailleurs que la publicité et la promotion de la vente en détail se font à travers les affiches publicitaires sur les points de vente, l'exposition sur et derrière le comptoir, les autocollants, distribution gratuite de gadgets et kiosques à tabac avec marque (T-shirt, parapluie, table avec boîte, briquet), le conditionnement des cigarettes en paquets de 10 bâtons, la  distribution  et dégustation gratuite des cigarettes destinées aux jeunes,  les jeux tombolas  et la cigarette est vendue en détail près des lieux où les enfants et jeunes se rassemblent (écoles, terrain de sport, salle de jeu) et sur les trottoirs.

Cette situation est préjudiciable pour la lutte antitabac pour plusieurs raisons.

En effet, souligne le communiqué de la Présidente de la C3T, lorsque les cigarettes sont vendues en détail, elles deviennent relativement moins chères que lorsqu’elles sont vendues en paquet. Par conséquent, le produit est plus abordable pour les jeunes et d'autres personnes ayant des ressources limitées. La vente de cigarette en détail permet aux jeunes d’expérimenter le produit et de devenir des utilisateurs réguliers. Bien plus encore la vente en détail mine les politiques antitabac existantes, en limitant l’exposition d’une personne aux étiquettes d’avertissements sanitaires. Au-delà du fait qu’elle constitue une forme de commerce illicite dans les pays où ces ventes sont interdites, la vente de la cigarette en détail mine les efforts des fumeurs pour cesser de fumer en rendant le produit facilement accessible.

En guise de solutions durables au problème sus évoqués, le communiqué de la C3T reprend les recommandations formulées par l’étude de ACTA en direction des Gouvernements des pays concernés. Il leur est en effet recommandé de prendre des mesures rigoureuses et conformes aux dispositions de la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac (CCLAT). Ladite Convention  identifie en effet des mesures fondées sur des preuves pour contrôler la vente de cigarette en détail.

Conformément aux articles 13, 15 et 16 de la CCLAT, les parties devraient respectivement interdire complètement toutes formes de publicité, de promotion et de parrainage du tabac, envisager des dispositions supplémentaires telles que l’octroi de licence aux vendeurs au détail de produits du tabac pour contrôler les ventes en détail et veiller à ce que la vente de bâtons de cigarettes ou de petits paquets de produits du tabac soit interdite.


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