Deux ans après l’enquête menée par la Coalition Camerounaise Contre le Tabac ( C3T) avec le soutien de l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique (ACTA) en vue de comprendre les activités de l’industrie du tabac concernant la publicité et la vente, ciblant les jeunes autour de 20 établissements scolaires de la ville de Yaoundé, les preuves sont toujours irréfutables que l'industrie du tabac cible délibérément et systématiquement les enfants afin de les encourager à fumer et à utiliser d'autres produits du tabac.
La récente enquête d’évaluation de l’enquête TIA, réalisée en Septembre 2018 au lendemain de la rentrée scolaire, a permis de constater que l’industrie est toujours présente autour des établissements scolaires. Ceci se traduit par l’existence des points de vente et des supports publicitaires à proximité des 20 écoles primaires, lycées et collèges de la ville de Yaoundé concernés par l’enquête.
Malgré la baisse remarquable du nombre des points de vente des produits du tabac passé de 173 en 2016 à 74 en 2018, sur un rayon de 100 mètres autour des 20 établissements scolaires enquêtés, la situation reste préoccupante. Car l’évaluation de la situation sur le terrain a permis de noter que les points de vente de produits du tabac encore existants sont très proches des établissements scolaires. Cette proximité des points de vente des produits du tabac des écoles rend plus facile l'achat des cigarettes et autres produits du tabac par les jeunes élèves.
Parlant de la publicité, il convient de noter que l’on est passé de 44 publicités en 2016 à 34 de nos jours avec cependant une nette augmentation de la publicité par voie d’affichage.
Certaines données par contre sont restées constantes. L’on note par exemple que la plupart des points de vente autour des écoles exposent les produits du tabac ensemble avec d'autres produits. Cette forme d'exposition incite les enfants à acheter et à essayer les produits du tabac. La vente de cigarettes à l'unité et en paquets de moins de 20 est largement pratiquée autour des écoles soit 13 établissements sur les 20 enquêtés. La vente à l'unité et en paquets de moins de 20 augmente l'accessibilité des cigarettes aux jeunes élèves et encourage le tabagisme et la dépendance au tabac à un âge précoce. Un autre aspect qui demeure sur le terrain est la vente des produits du tabac aromatisés. Malgré la légère baisse (03 établissements en 2018 contre 05 en 2016), la vente des produits aromatisés est une autre stratégie largement utilisée par l'industrie du tabac pour attirer les enfants vers le tabagisme.
Il convient de noter également, l'absence de la signalisation de la mention d'interdiction de la vente du tabac aux mineurs dans la majorité des points de vente, excepté les quatre kiosques aux couleurs des marques de cigarette observés sur le terrain. Ceci est en violation de l'article 16 de la Convention-Cadre de l'Organisation mondiale de la Santé pour la Lutte Antitabac (CCLAT) que le Cameroun a ratifié en 2006 et qui exige que les points de vente des produits du tabac affichent une indication claire et visible sur l'interdiction de la vente du tabac aux mineurs.
À la lumière des résultats sus évoqués, la principale recommandation est l’adoption et la mise en œuvre d’une Réglementation portant protection du Domaine Scolaire contre les activités de l’industrie du tabac. De manière spécifique, il est serait judicieux pour les autorités compétentes de faire appliquer les dispositions de la Loi d’orientation de l’éducation du 05 Avril 1998, Instaurer par voie réglementaire, l'affichage de la mention « Vente interdite aux mineurs » dans tous les points de vente et Soutenir les efforts de la société civile afin qu'elle puisse assurer son travail de monitoring et contribuer à l'adoption et à la mise en œuvre des politiques efficaces de lutte antitabac, particulièrement en milieu jeune.
Bon à savoir, l’Enquête Globale sur le tabagisme en milieu jeune menée en 2014 par le Ministère de la Santé Publique, en collaboration avec l’Institut National des Statistiques et l’Organisation Mondiale de la santé , souligne que chez les jeunes élèves âgés de 13-15 ans, 10% sont des usagers du tabac et des ses produits.