Comment devient-on dépendant à la nicotine ?

30 août 2015

Les chercheurs savent peu de choses de la dépendance tabagique. Une seule certitude : la nicotine est impliquée dans ce mécanisme. Cette molécule possède un atout biologique qui lui permet de se fixer à des protéines présentes à la surface des cellules nerveuses, les récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine. En présence de nicotine, ces récepteurs qui sont en fait des canaux s’ouvrent. S’en suit alors une cascade d’évènements qui aboutissent à la libération d’une hormone, la dopamine, dans une région précise du cerveau : le noyau accumbens .Comme l’alcool, le cannabis, la cocaïne ou encore l’héroïne, la nicotine est une drogue qui stimule « le circuit de la récompense » et procure ainsi une sensation de satisfaction. La dopamine ne porte d’ailleurs par pour rien le joli surnom d’hormone du plaisir… Les recherches en cours suggèrent qu’elle ne serait pas la seule hormone en jeu. Bien que, les avancées de la recherche dans ce domaine soient considérables, la dépendance au tabac demeure encore bien mystérieuse.

Lors du sevrage tabagique, le corps « réclame » sa dose de nicotine pour satisfaire cette sensation de bien être : c’est le manque. La dépendance s’explique par des phénomènes purement biologiques. Pour autant, il ne faut pas négliger le rôle de l’environnement qui entoure le fumeur. Les gestes et les petites habitudes associés à la cigarette sont perçus par notre cerveau comme autant de signaux capables de provoquer une envie irrépressible de fumer.

Inégaux face à la dépendance

Il semblerait que des facteurs génétiques prédisposent au tabagisme. La première cigarette en dégoûte certains et en attire d’autres. Les scientifiques qui avancent ce type d’hypothèses ne sont pas encore à même pour autant de citer précisément les gènes impliqués. Toutefois, trois grandes classes de facteurs génétiques sont reconnues :
Classe 1 : Elle concerne les gènes impliqués dans la destruction de la dopamine (et éventuellement d’autres substances). Plus ces molécules ne sont dégradées rapidement après leur libération, plus vite on ressent le manque.
Classe 2 : Il s’agit des gènes impliqués dans le mode d’action de la nicotine et éventuellement d’autres molécules contenues dans la fumée de cigarette.
Classe 3 : Tous les gènes impliqués dans la sensibilité aux odeurs, aux goûts, au stress…

Il existe sans doute des personnalités à risque face à la dépendance tabagique. La recherche de sensations de nouveauté, chère à certains individus pourraient les conduire tout droit vers les cigarettes. De plus, des travaux récents montrent que l’on retrouve plus de fumeurs chez les personnes ayant des antécédents de dépression ou de troubles anxieux que dans la population générale. Les spécialistes pensent aujourd’hui que les facteurs à l’origine du tabagisme pourraient être les mêmes que ceux à l’origine de certains troubles psychologiques.

Dépendance ne rime pas qu’avec nicotine

Des expériences menées sur les animaux à l’aide d’injection de nicotine reproduisent peu ou mal le phénomène de dépendance tabagique observé chez les fumeurs. Les scientifiques en sont sûrs, la nicotine n’est pas le seul composé contenu dans la fumée de cigarette induisant une dépendance.

La dopamine, hormone du plaisir libérée dans le sang sous l’influence de la nicotine finit toujours par être dégradée. Mais des chercheurs ont identifié dans la fumée de cigarette deux substances : l’harmane et le norharmane, capables de bloquer les molécules chargées de dégrader la dopamine dans le sang. Si la dopamine reste plus longtemps dans le sang, la sensation de bien-être procurée par la cigarette se prolonge elle-aussi. La nicotine agit donc en synergie avec l’harmane et le norharmane. La fumée de cigarette contient plus de 4 000 substances. Combien d’autres molécules interviennent de près ou de loin dans les processus de dépendance ? La réponse n’est sans doute pas pour tout de suite…

Face à la dépendance : les substituts nicotiniques

De nombreux fumeurs ont essayé, seuls, un jour d’arrêter de fumer et n’ont pas réussi… Quand, à nouveau motivés pour démarrer un sevrage, ils se voient proposer des substituts nicotiniques et qu’ils les utilisent bien (avec un dosage suffisant), ils doublent leurs chances de succès.

Les substituts nicotiniques apportent au cerveau du fumeur une quantité de nicotine suffisante pour lui éviter les symptômes de manque si difficiles à gérer en l’absence de traitement. Ici, la nicotine diffuse tout en douceur, par voie veineuse et sans aucun des 4 000 composés chimiques de la fumée.

Le fumeur alors se sent bien, plus calme contrairement à ce qu’il redoutait. Il découvre rapidement de nombreuses sensations positives.

Les substituts nicotiniques existent sous plusieurs formes, qu’il s’agisse de patchs ou de formes orales : gommes à mâcher nicotiniques, comprimés sublinguaux ou inhaleur. Les formes orales peuvent être utilisées seules ou associées ponctuellement au patch. Les fumeurs ne se ressemblent pas tous, ce qui justifie la diversité des formes orales qui lui sont proposées.

Un bon accompagnement par le pharmacien (ou le médecin) et un traitement pris de façon suffisamment prolongée (au moins 3 mois) optimiseront les résultats du sevrage.


Vous avez aimez cet article? Laissez un commentaire

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

19 − fourteen =

Dans la même catégorie