17è Conférence mondiale sur le tabac ou la Santé: l'Afrique a eu son mot à dire

27 mars 2018

l'Afrique a fait entendre sa voix  à la 17è Conférence mondiale  sur le tabac ou la Santé tenue du 7 au 9 mars 2018 à Cape Town en Afrique du Sud. Déclaration du Dr Flore Ndembiyembe, présidente de la Coalition Camerounaise Contre le Tabac, au terme des travaux et dans une interview accordée à un journaliste sénégalais. A lire, ci-dessous, l’intégralité de l’entretien.

Madame la Présidente de la Coalition Camerounaise Contre le Tabac (C3T), après cette conférence à laquelle vous avez assisté,  nous aimerions avoir l'appréciation de C3T sur les efforts des différents acteurs africains ces dernières années.  Quels sont les points de satisfaction ? 

Présidente C3T: Les africains s'étaient préparés à participer en masse à cette conférence de Cape town, la première en Afrique en 50 ans. Le résultat était là. L'Afrique était bien représentée. Plusieurs Sessions étaient réservées au contrôle du tabac en Afrique. De nombreux experts africains ont fait des exposés ou encore présenté des posters comme la C3T qui a présenté son expérience des «  média dialogues », des conférences de presse « flexibles ». Les africains ont gagné  deux (02) prix sur les Cinq (05) offerts par Bloomberg philanthropies. Nous sommes dont satisfaits par la qualité des experts africains et la représentation de l'Afrique dans les organisations internationales qui traitent du contrôle du Tabac.L'Afrique a eu son mot à dire à cette conférence. Je pense qu'elle a été entendue.

Quels sont les aspects à améliorer ? 

Dans son ensemble la conférence a été bien organisée. Il faut cependant relever que la langue unique de la conférence étant l'anglais, beaucoup de délégués francophones purs n'ont pas pu profiter des enseignements comme il se devait. Il serait souhaitable de prévoir un minimum de session avec interprétation. J'ai aussi le sentiment que les problèmes qu'expérimente l'Afrique sont parfois fondamentalement différents. Comme le faible engagement des Etats et les obstacles et lenteurs à l'adoption des réglementations, le retard technologique, des barrières culturelles. Ces problèmes spécifiques à l'Afrique pourraient être discutés lors d'une pré conférence africaine. Cela permettrait aux africains de trouver des positions harmonisées à présenter au reste du monde. Les gouvernements africains devraient soutenir la participation de leurs ressortissants à des instances comme celles-là et surtout bien choisir leurs représentants.

Est-ce que les organisations comme C3T reçoivent le soutien nécessaire ?

Malheureusement non. Un mois avant le début de la conférence, nous n'étions pas assurés d'y participer. Les soutiens disponibles pour le Cameroun étaient destinés aux fonctionnaires. La société civile qui s'investit chaque jour dans le contrôle du tabac a été royalement ignorée. Cela est très regrettable.  La participation de la C3T a été possible grâce au soutien de notre partenaire Campaign for Tobacco Free Kids (CTFK) que nous remercions au passage. Ces rencontres sont très importantes pour une mise à jour des connaissances et un échange d'expériences.

Pouvez-vous nous communiquer les données disponibles sur le taux de tabagisme au Cameroun et vos objectifs de baisse de ce taux?

Les derniers chiffres du taux  du tabagisme sont ceux des enquêtes globales sur le tabagisme de l'OMS. Il s’agit de l’enquête globale sur le tabagisme chez les adultes (GATS) et de l’enquête globale du tabagisme chez les jeunes (GYTS) menées respectivement  en 2013 et 2014 avec l’appui du ministère de la Santé Publique et l’Institut National des Statistiques.  Sans entrée dans les détails, on note de manière globale que 1,1 million des camerounais sont des fumeurs actifs et que  près de 7 millions sont des fumeurs passifs, par ce que exposés involontairement à la fumée de la cigarette des autres. En milieu jeune, les données des études menées en 2014  par l’Oms et les autorités compétentes, renseignent que plus de 300.000 jeunes élèves âgés de 13 à 15 ans consomment régulièrement les produits du tabac.  Les mêmes études soulignent que parmi ces jeunes, 31,2% ont expérimenté la cigarette avant l'âge de 10 ans, 5,7% fument des cigarettes et 9,5% consomment d'autres produits du tabac

Les chiffres sont importants mais nous ne travaillons pas en regardant la prévalence du tabagisme. Les enquêtes coûtent chères et ne sont pas faites assez régulièrement. Nous observons les changements dans la population. Au Cameroun aujourd'hui l'acte de fumer est dénormalisé. Le public réclame l'interdiction totale de fumer dans les lieux publics et de vendre la cigarette. Le gouvernement commence à poser des actes dans le sens de la protection des populations contre les méfaits du tabac. Un texte imposant les avertissements sanitaires  graphiques sur les emballages des produits du tabac a été adopté. Plusieurs autres sont en chantier.

La baisse du taux du tabagisme sera évidemment la meilleure preuve de l'efficacité de ce que nous faisons. Il faudrait pour cela une plus grande implication de l'Etat et de tous les camerounais.

 


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